L’École de Palo Alto, du nom de la ville où ses prémisses ont commencé à s’élaborer en Californie, et l’approche clinique que les chercheurs qui la composaient ont initiées au sein du Mental Research Institute, se caractérisent, spécialement au regard de la psychanalyse européenne, par une volonté de travailler à apaiser des interactions plutôt qu’à soigner des personnes.

Les tenants de l’approche issue des travaux de l’École de Palo Alto ont une façon spécifique, et très éloignée de la perception intrinsèque de la pathologie individuelle, de considérer les symptômes et problèmes des patients. Des origines du modèle à aujourd’hui, ils estiment qu’en ce qui concerne les souffrances psychiques, et dans la mesure où les marqueurs biologiques manquent cruellement à la psychiatrie pour effectuer tel ou tel diagnostic, il est souvent plus productif de s’attacher à modifier les relations que l’individu entretient (avec les autres, avec le monde, avec lui-même) que de tenter de modifier sa psyché, tant cette tentative est souvent douloureuse et fréquemment vaine.

Pour l’École de Palo Alto, c’est donc le changement du fonctionnement ici maintenant du système d’interactions dans lequel est pris le patient qui constitue l’élément déterminant de la thérapie. (Alors que, dans la cure psychanalytique, ce serait la prise de conscience par le patient des causes anciennes de ses perturbations actuelles qui amènerait la guérison). L’objectif de toute thérapie menée selon les principes de l’Ecole de Palo Alto est conséquemment de modifier structurellement les règles du jeu du système relationnel du patient aujourd’hui. Cette modification à la fois des interactions et de la perception qu’ont les patients de leurs problèmes crée un changement fondamental qui apaise sa souffrance de façon patente et durable.

Cette prééminence fondamentale de la justification par l’efficacité clinique de l’école de Palo Alto est sans doute un des points qui la distingue le plus fondamentalement des théories freudiennes qui ne voyaient dans la « guérison » qu’une cerise sur le gâteau.

À 180°/Chagrin Scolaire, regroupement de praticiens, conférenciers, formateurs et auteurs s’appuyant uniquement et rigoureusement sur les fondamentaux de Palo Alto a été créé il y a plus de 10 ans par Emmanuelle Piquet. Notre ambition est de contribuer à la diffusion de ce modèle particulièrement résolutoire et apaisant en effectuant des recherches, en publiant des articles et des ouvrages, en élaborant et en animant des formations aux principes et outils de la thérapie brève stratégique, en supervisant des thérapeutes qui appliquent ce modèle en Europe francophone.

Nous publions près d’un livre par an sur les principes de l’Ecole de Palo Alto dans des domaines divers, pour différents publics et chez des éditeurs variés, ce qui nous a permis de continuer à affiner plusieurs modélisations au fur et à mesure de nos recherches ; nos modules de formation permettent à quelques cent étudiants par an de se doter de nouveaux outils, de se convertir à un nouveau métier, d’approfondir leur pratique et nous avons créé le premier Diplôme Universitaire s’appuyant sur les prémisses de l’École de Palo Alto pour permettre une formation pragmatique des professionnels de l’enfance sur l’apaisement des souffrances en milieu scolaire.

Nous sommes à la fois reconnaissants et fiers de pouvoir nous jucher avec rigueur et curiosité sur les épaules des géants qui ont ouvert cette voie en perpétuelle évolution pour continuer à la rendre chaque jour un peu plus praticable à la majorité des gens qui le souhaitent.